D’aucuns jouent avec le syntagme « ordre des psychologues » comme d’autres avec le furet : il est passé par ici, il repassera par là. Un texte, deux textes, la ronde des textes sur l’ordre, ses avantages et ses inconvénients. Ce matin René Fiori nous alerte : les psychologues de l’Éducation Nationale sont contre. Bonne nouvelle, sans doute.
Or, nommer cet ordre, le renommer, c’est déjà le faire exister et n’a d’autre effet que celui de nous accoutumer à la chose. C’est faire, qu’on le veuille ou non, le premier pas vers l’adhésion, le consentement à sa « création » et ce qui va avec en bonne démocratie : l’opposition. En entérinant le petit jeu du pour et du contre, la pesée des avantages et des inconvénients, « on » mine le terrain, « on » qui n’est personne et dont nous voilà, un par un, solidaires. Il n’y aura bientôt plus qu’à l’acter, pour mettre fin au petit jeu pervers d’apparitions disparitions, pour installer le dispositif de contrôle assorti de sanctions, dispositif qui sera désormais radicalement disjoint de l’élaboration continue de ce que nos pratiques nous enseignent. C’est déjà le cas, me direz-vous, rien de très nouveau sous le soleil. Sans doute, mais ce sera ou ce serait un cran de plus, sous prétexte de sûreté, pardon, de sécurité, de protection, d’assurance, ces vertus que ceux qui nous gouvernent nous imposent pour notre supposé bien.
Un ordre professionnel est sans doute une des pires menaces qui puisse être pour une « profession » qui n’a de dignité que si on la qualifie, comme Jean-Pierre Cottes l’a fait il y a 20 ans au moment des forums Accoyer, de profession-symptôme. Cette grimace nous laisserait ou nous laissera bouche bée, rendue muette, ravalant la chanson enfantine qui accompagne les freudiens comme la ritournelle du sujet du désir : Imprenable, certes, car imprenable il l’est de toujours et le demeurera.
Il ne nous restera plus alors qu’à creuser entre légalité et légitimité, à augmenter notre discrétion jusqu’à la faire clandestine, comme nécessaire quand les mauvaises causes triomphent.
Un Dieu caché gouvernerait ces alternances de bons et de mauvais gouvernements si bien peints aux murs de l’hôtel de ville de Siena ?
Ce Dieu, nous le savons avec Lacan et François Regnault, est inconscient, ce qui fait entendre que personne, si forte soit sa volonté de disjoindre l’autorité du pouvoir, n’en viendra à bout.
Voilà qui donne du courage. C’est une chance, car nous en avons besoin.
Le discours à tenir pour célébrer les noces du sujet avec son corps dont Lacan a pris acte en nous offrant le signifiant de parlêtre sera donc toujours aussi subversif. Il faudra donc toujours en payer le prix. Oui, mais il sera plus risqué pour ceux qui entendent s’en faire les suppôts.
Autant dire que ce n’est plus le moment de séparer l’audace de la prudence.
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