Jeune diplômée d’un master en psychologie clinique et psychopathologie intégrative, la psychanalyse est rapidement devenue une boussole dans ma pratique débutante de psychologue exerçant dans un hôpital psychiatrique.
Au cours de mon cursus universitaire, je me suis tournée vers la psychanalyse par nécessité d’être orientée par une autre approche que celle proposée par les manuels de psychologie. Là où certains discours psychologisants enferment le patient et son symptôme dans des classifications diagnostiques toujours plus rigides, c’est par le biais d’un stage que j’ai découvert qu’une autre voie était possible. J’ai eu la chance et l’opportunité d’entrer dans le milieu de la psychiatrie adulte et de rencontrer des patients hospitalisés. J’y ai aperçu une clinique d’un autre genre, une clinique du singulier, empreinte d’humanité, une pratique orientée par la parole et non par un protocole. Une pratique clinique qui ne se satisfait pas du discours commun, mais qui offre aux symptômes et aux manifestations inconscientes la possibilité de se déployer à travers un lien particulier, le transfert.
J’y ai découvert que l’abord de la clinique par la psychanalyse est plus qu’une orientation de pratique, c’est un choix décidé, une éthique et un engagement qui enjoignent continuellement à se mettre au travail. La formation de psychologue orientée par la psychanalyse est continue, elle ne s’arrête pas aux portes de l’université et à la délivrance d’un diplôme, elle se poursuit par les lectures, les formations telles que la section clinique, la rédaction et la présentation de cas… autant d’espaces pour penser la clinique à plusieurs, pour ne pas rester seul face à la difficulté des textes et concepts.
L’analyse personnelle et le contrôle sont également des repères pour tout débutant dans ce métier, ils nous donnent la possibilité d’avoir quelqu’un à qui nous adresser. L’analyse permet à chacun de faire l’expérience de ce que signifie parler à quelqu’un. Le contrôle nous permet quant à lui de mettre en lumière la relation imaginaire que l’on crée avec nos patients, de nous dégager de nos préjugés pour mieux cerner ce qui se joue pour nous dans la relation avec l’autre. Chacun fait comme il peut avec son symptôme, personne n’échappe à cette règle, c’est ce que l’on découvre en faisant soi-même une analyse.
En institution, l’orientation psychanalytique engage à défendre une posture d’humilité face à la souffrance des êtres humains que l’on reçoit, une posture qui consiste à se garder des « explications qui font office d’évidence »[1] et qui refuse l’idée que le professionnel en sait plus que le patient sur ce qui lui arrive. Découvrir qu’il est parfois nécessaire de ne rien comprendre pour attraper quelque chose de l’inconscient a été un véritable soulagement pour moi. Le sujet qui souffre et qui vient nous voir nous suppose un savoir, mais c’est parce que l’on se dérobe à ce savoir que l’autre scène, celle de l’inconscient peut surgir. S’orienter du principe que le patient a un savoir insu dégage le professionnel de l’impératif de répondre à la demande.
Alors, si je devais résumer, pour moi, ce que représente la psychanalyse, je dirais qu’elle me sert aujourd’hui de boussole avec pour balises l’analyse, le contrôle et la formation. Le rapport de chacun avec la psychanalyse est unique, mais prendre la psychanalyse comme orientation permet ceci de particulier qu’elle offre à toute personne une voie d’expression possible, ce qui maintient le désir toujours si vif pour la pratique.
[1] Lacan, J., Écrits, Paris, Seuil, 1966.
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