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Pourquoi s’intéresser au comique dans la clinique ? Pourquoi se rendre aux J55?


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Flèche 1:

L’argument des 55èmes Journées de l’ECF s’ouvre sur le « gain de plaisir » obtenu par un certain usage de la langue, notamment via le mot d’esprit tel que Freud le décrit. Qu’est-ce qui produit ce gain de plaisir ? Qu’est-ce qu’un mot d’esprit ? Quelles en sont les conséquences dans la pratique et pour l’analyse ? Ces points m’intéressent particulièrement. 

Entrer en analyse ou demander à consulter n’a rien de comique au prime abord, c’est plutôt avec son symptôme, sa souffrance, sa tragédie qu’on y entre, c’est de ça qu’on vient parler ! Idem quand on travaille en institutions, avec le poids des protocoles et des politiques de soins, rarement en adéquation avec la réalité de nos pratiques. Et pourtant, à bien y réfléchir, nous avons tous en tête des moments cliniques joyeux où par la magie d’un Witz, un décalage se produit dans l’énoncé d’un sujet, du nouveau apparaît, non pas du côté du sens mais de la surprise. La question de la nouveauté est vraiment essentielle dans le mot d’esprit, « c’est toujours la nouveauté qui sera la condition de la jouissance[1]  » nous dit Freud. Ce qui me semble également intéressant, notamment à l’ère où on entend parfois que le praticien est interchangeable, c’est la dimension de l’Autre, la nécessité de l’Autre pour authentifier le pas-de-sens du mot d’esprit. Lacan, à l’instar de Freud précise « qu’il n’y a pas de trait d’esprit solitaire. […] Le trait d’esprit est solidaire de l’Autre qui est chargé de l’authentifier[2]  ». La notion de plaisir en dépend. Pour qu’il y ait plaisir, notons qu’il faut deux composantes, l’Autre et l’effet de surprise. Cet effet est produit non pas à partir de la compréhension mais dans ce qui tient à la langue, quelque chose s’entend de ce qui est à l’œuvre dans l’inconscient. 

Y a pas à dire, ce thème est très contemporain et au vu du programme nous risquons bien d’y obtenir un gain de plaisir !      

par Hélène Girard


Flèche 2:

A l'époque où nombre d'humoristes essaient de se faire une place au travers des réseaux sociaux entre autres puis montent sur scène, et où, les comédies clubs n'ont de cesse de voir le jour, la fonction de l'humour, du comique dans nos vies se discute, se débat.

Sommes-nous alors uniquement sur le versant du divertissement? L'humour, le comique sont-ils plus sérieux qu'ils n'en ont l'air? L'usage de l'humour ne sert-il pas en premier lieu à celui qui réalise un trait d'humour ?

Dans un article sur le blog des J55 intitulé « Sublime humour[3]  », Marga Auré nous donne quelques indications sur l'humour. Dans son texte « L'humour » Freud indique : « dans le processus humoristique se logerait la grandeur du refus de la souffrance que pourrait infliger la réalité extérieure et bien au-delà une domination grandiose procurant du plaisir. L’humoriste se traiterait lui-même ou traiterait autrui de la façon dont un adulte traiterait un enfant, dédramatisant la situation, riant :“Regarde ! Voilà le monde qui te semble si dangereux ! Un jeu d’enfant ! Le mieux est donc de plaisanter !”[4]  » 

L’humour permettrait-il de mieux supporter le réel de la vie? Le trait d’humour ne surgit-il pas à partir du repérage d’un point de jouissance dans la cure?

Autant de questions qui seront traitées, bousculées lors des journées de l'École de la Cause freudienne. Et l'humour et les journées peuvent susciter un effet de surprise !

par Hélène de Swarte


Flèche 3:

À l’heure de la victimologie généralisée « Le comique dans la clinique », fait entendre un certain pas de côté qui n’est pas celui de l’humour comme « "outil thérapeutique" : en psychanalyse, on ne recourt pas aux blagues pour suggérer à l’analysant qu’il vaut mieux rire que pleurer[5]  ». Comme le souligne Laura Sokolowsky dans son argument « L’effet comique se fonde en premier lieu sur le cristal de la langue[6]  ». J’irai à ces journées 55 pour mieux cerner, en quoi la spécificité de ce thème dit celle de notre orientation. 

par Benoîte Chéné


Flèche 4:

Et l’amour dans tout ça ? Qu’y a-t-il de comique dans l’amour ? Peut-on associer l’amour et le comique ? quels en seraient les ressorts alors ? 

Si Lacan a fait du phallus le ressort majeur du comique[7]  dans la relation entre les sexes, qu’en est-il aujourd’hui à l’ère du développement tout azimut de la sexualité dans l’espace public ?

Au-delà de la tragédie révélant l’impossible rapport entre les sexes, ne rencontrons-nous pas le comique dans la révélation de l’irrémédiable absence du rapport sexuel ?

Le thème « Le comique dans la clinique » des prochaines Journées d’étude de l’ECF – s’il n’est pas sans nous interpeler au prime abord – nous oriente et nous invite à nous intéresser à la distinction des différents registres du comique et à leurs incidences dans la vie des sujets. 

Assister aux simultanés des J55 constitue l’occasion unique de les découvrir dans les cas présentés par les praticiens de la psychanalyse.

par Stéphanie Cahuzac-Morel



[1] Freud S., Au-delà du principe de plaisir (1920), Paris, Points, 2014, p. 123. 

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre V, Les Formations de l’inconscient, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1998, p. 97.

[4] Freud S., « L'humour » (1927), Œuvres complètes, t. XVIII, Paris, PUF, 2002, p. 140.

[5] Sokolowsky L., Argument pour les 55e Journées de l’École de la Cause freudienne « Le comique dans la clinique », disponible en ligne. 

[6] Ibid. 

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le Désir et son interprétation, texte établi par J.-A. Miller, Paris, La Martinière/Le Champ freudien, 2013, p. 275.




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