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Les fondamentaux de la pratique des psychologues: Réponse de Sébastien Ponnou aux annonces de M. Franck Bellivier dans L'Express



Sebastien Ponnou, membre des Psychologues freudiens et professeur en sciences de l'éducation à l'université Paris 8





Sébastien Ponnou*, membre des Psychologues freudiens (PF) et professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8, rappelle les fondamentaux de la pratique des psychologues. Il répond ainsi point par point aux vues longuement déployées par Monsieur le Professeur Franck Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie au ministère de la solidarité et de la santé, dans un entretien au magazine hebdomadaire L’Express.

Pour permettre au lecteur de saisir la complexité des enjeux actuels concernant l’exercice de la profession de psychologue, les PF ont publié en quatre fois l’état des lieux que fait notre collègue, le commentaire continu et les perspectives alternatives qu’il propose au dispositif Mon soutien psy. Vous retouvez ici le texte dans sa globalité.


Partie 1 : Mon soutien psy, un flop 

Sébastien Ponnou


Une campagne qui file depuis quelque temps, en lien avec le démantèlement des Centres Médico-Psychologique (CMP).

M. le professeur F. Bellivier engage son propos en argumentant une dégradation de la santé mentale de la population « depuis la crise sanitaire ». Il est certain que la santé mentale des Français s’est considérablement détériorée durant la période COVID – en particulier chez les plus jeunes[1] . Mais cette observation est d’abord l’effet des politiques publiques de confinement engagées par le Gouvernement durant de longs mois –  dont le professeur F. Bellivier est largement comptable puisqu’il a précisément pour fonction, depuis 2019, de prévenir et d’orienter les politiques de santé mentale.

Par ailleurs, de nombreux rapports ont documenté de longue date la dégradation de la santé mentale en France[2] : rapport 2016 de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) sur la santé des jeunes, rapport 2016 de l’Inspection Générale de l’Action Sociale (IGAS), rapports de la Cours des Comptes sur l’offre de soin (2021) et sur la pédopsychiatrie (2023), rapport 2021 du Défenseur des Droits sur la santé mentale et le bien-être des enfants, rapport 2022 du Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP) sur les professionnels de santé et l’offre de soin, rapport 2023 et 2025 du Haut Conseil de la Famille et de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA) sur la santé mentale de l’enfant[3]. Ces institutions dénoncent depuis longtemps une offre pédiatrique, pédo-psychiatrique, psychiatrique et médico-sociale en net recul, qui ne permet plus d’accueillir les demandes de soin dans des délais raisonnables et de manière satisfaisante. La situation de l’hôpital et de l’ensemble des acteurs du champ médico-social est altérée, avec des effets délétères sur la santé mentale et le devenir de la population. Autrement dit, la dégradation de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent est non seulement antérieure à la période COVID, mais elle peut également être interprétée comme l’effet d’un déficit de prise en charge des structures hospitalières, médico-sociales et scolaire, alors que le professeur F. Bellivier - en qualité de délégué ministériel à la santé mentale - en a la responsabilité.

Quant à considérer Mon Soutien Psy comme « une première réponse aux Français atteints de troubles [mentaux] modérés », c’est un peu fort de café !

« Première réponse » ? Certainement pas d’un point de vue historique, puisque la psychiatrie et la pédopsychiatrie contemporaines se sont structurées en France dans les années 1960/1970 via la sectorisation, le déploiement d’institutions hospitalières, médico-sociales et éducatives, qui elles-mêmes héritaient d’une histoire praxéologique, théorique et institutionnelle allant de la psychanalyse à la psychothérapie institutionnelle en passant par les mouvements d’éducation populaire ou d’éducation nouvelle, dont les contributions aux dynamiques de soin et d’éducation des personnes en souffrance continuent d’animer les équipes professionnelles.

« Première réponse » ? Certainement pas du point de vue de l’accès ou du recours au soin, tant le dispositif Mon Soutien Psy constitue un cas d’école et cumule toutes les malfaçons et les maladresses en termes de politiques publiques de santé.

Ne faudrait-il pas plutôt tenir compte de l’histoire, des épistémologies et des spécificités des pratiques de soin en santé mentale en France, et assumer sa part de responsabilité quant aux effets des politiques d’austérité dans les domaines de compétences dont la délégation ministérielle à la santé mentale a la charge ?


Mon Soutien Psy, une déconfiture ?


Le dispositif Mon Soutien Psy mis en œuvre par M. F. Bellivier a d’abord cumulé les déconvenues : absence de concertation, para-médicalisation des soins psychothérapeutiques, problèmes d’adressage et méconnaissance des principes au fondement des psychothérapies, défiance des professionnels, faible taux de recours des patients…

Dès les années 2021-2022, le dispositif est pensé de manière unilatérale et descendante, sans associer les personnes concernées, les psychologues et leurs organisations représentatives, ni les principales institutions du secteur. Le résultat ne se fait pas attendre : levée de boucliers des professionnels, syndicats, associations, universitaires de la psychologie et de l’ensemble des champs psychiatriques, éducatifs et médico-sociaux. Les pétitions et les forums se multiplient, si bien que dès ses premières semaines d’existence, le dispositif appelé alors MonPsy, a mobilisé contre lui des milliers de praticiens, tandis que l’Assurance Maladie peinait à convaincre les professionnels de rejoindre ses listes.

Il faut dire que les coups portés à la fonction de psychologue étaient sans précédent : la mise en œuvre du dispositif était accompagnée d’un avis de l’Académie de Médecine plaidant pour une para-médicalisation du métier de psychologue - sans que cet avis ne soit motivé ni scientifiquement argumenté. La diversité et la pluralité des pratiques au fondement du titre et de la profession étaient battues en brèche pour des motifs fallacieux d’efficacité[4], tandis que le prix des séances était porté à 30 euros, témoignant du peu de considération pour le travail engagé.

Mais le désaveu le plus cinglant est venu des patients : alors que le dispositif ouvert en avril 2022 était censé répondre aux besoins de la population et constituer une « première réponse » à la souffrance psychique des Français, les résultats obtenus après 5 mois se sont révélés particulièrement décevants : au 31 août 2022, 30682 personnes ont eu recours au dispositif Mon Psy auprès de 1813 praticiens, pour un total de 94691 séances. Soit une moyenne d’à peine 3 patients par mois et par praticien, et de 3 séances par patient, témoignant d’une absence d’accroche et de persévérance dans le dispositif[5].

Face à l’échec annoncé, MonPsy devient Mon Parcours Psy, mais le bilan de la première année reste catastrophique - inconsistance qui trouvera un large écho dans les médias. Sur France-Inter :

« Tout est à revoir de fond en comble : un an après, le dispositif Mon Parcours Psy est un flop. Le dispositif Mon Parcours Psy s’avère un immense échec, un an après sa mise en place. Peu de psychologues y participent, la plupart des professionnels le boycottent et très peu de patients ont pu en profiter »[6].


Les publications de ce type fleurissent par dizaines, bientôt relayées par la représentation nationale. Ainsi, l’adresse au ministre de la Santé du sénateur “Les Républicains” Pierre Charon ou de la sénatrice du Parti Communiste Français Laurence Cohen :

« Lancé en avril 2022, le bilan est faible au bout d'un an. […] Cet échec s'explique en partie par le faible nombre de psychologues qui ont accepté de se conventionner […] Dès l'annonce de ce dispositif […] le syndicat national des psychologues (SNP) [indiquait que] "ce dispositif méprise les psychologues [et les conduit] à travailler dans des conditions qualitatives très amoindries […] laissant les personnes les plus précaires […] face à leur souffrance psychique" »[7] .


« Un an après son lancement […] le bilan démontre que le dispositif est inopérant. Considérant qu'il n'est ni adapté aux réalités du métier, ni aux besoins des patientes et des patients, une majorité de la profession de psychologue demande son abrogation. [La sénatrice demande au gouvernement d’] envisager l'abrogation du dispositif Mon Parcours Psy et [d’]étudier avec les professionnels de terrain la mise en place d'une nouvelle convention de remboursement, respectueuse de la déontologie des psychologues, des patients et des professionnels »[8].


La deuxième année de Mon Parcours Psy n’est guère plus satisfaisante, et ses écueils encore largement relayés dans les médias. Ces constats d’échec répétés et partagés contraignent les pouvoirs publics à revoir leur copie pour tenir compte des orientations soutenues par les associations de professionnels. Avec le temps, le dispositif s’ouvre aux enfants, la durée de prise en charge passe de 8 à 15 séances remboursées, l’obligation d’adressage par un médecin est abandonnée. Et Mon Parcours Psy change encore de nom, pour devenir Mon Soutien Psy. Au 1° avril 2025, soit après quasiment 3 années d’existence (données datées du 28 février 2025, soit 34 mois depuis avril 2022), le Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles publiait le rapport du Gouvernement au Parlement, et là encore, les chiffres étaient loin d’être probants : 5217 psychologues conventionnés - chiffre contesté par les représentants des psychologues, qui seraient nombreux à souhaiter sortir du dispositif, 586858 patients ayant bénéficié d’un suivi psychologique, pour 3,1 millions de séances réalisées[9]. Rapporté à 34 mois d’existence, cela revient en moyenne à 3 patients par mois et par professionnel, et une moyenne de 5 séances par patient, soit un problème récurrent de persistance dans le dispositif malgré l’allongement du remboursement des soins et des campagnes de promotion intensives. Même le Premier Ministre Gabriel Attal reconnaît l’échec de l’entreprise, et seuls M. F. Bellivier et L’Express, en 2025, chevauchent encore à ce cheval mort.    


Les fondamentaux des pratiques des psychologues


Il faut dire que Mon Soutien Psy partait avec un sérieux handicap : au-delà du passage en force et des questions de concertation, le dispositif reposait sur des présupposés et des choix stratégiques très contestables, témoignant de la méconnaissance des fondements des soins psychothérapeutiques :

  • Le soin psychothérapeutique, s’il peut être orienté, ne peut d’aucune manière être prescrit. La psychothérapie - quelle que soit la formation, la pratique ou la technique du clinicien - est toujours fonction de coordonnées transférentielles qui ne s’écrivent pas sur ordonnance.

  • Poser la para-médicalisation du métier de psychologue comme condition nécessaire au remboursement relevait à la fois du mépris de la fonction et de ses institutions.

  • Contrairement aux effets d’annonce, Mon Soutien Psy ne contribue d’aucune manière à la création de l’offre de soin puisque les professionnels intégrant le dispositif doivent pouvoir témoigner de leur expérience dans la fonction - autrement dit être déjà en exercice et contribuer de fait au soin des patients. Il ne s’agit donc pas d’abonder l’offre de soin - qui fait cruellement défaut - mais de la rendre accessible.

  • La gratuité des soins psychothérapeutiques existe de longue date en France, dans les institutions de référence que constituent les CMP et les Centre Médico-Psycho-Pédagogiques (CMPP), soutenue par un travail pluridisciplinaire et pluriprofessionnel au bénéfice des patients. Dès lors, pourquoi ne pas renforcer en priorité ces dispositifs de première intention, qui ont fait la preuve de leur savoir-faire en termes de soin et d’accompagnement des patients ? C’est ce que suggère le député du Nouveau Front Populaire Emmanuel Fernandes, lorsqu’il fait remarquer au Parlement le 25 mars 2025 que le financement alloué au dispositif Mon Soutien Psy se révèle sans surprise incapable « de répondre aux besoins psychiques réels de la population [mais aurait permis] de financer 2500 postes de psychologues en CMP, permettant ainsi de soulager ces centres et d'offrir une prise en charge réellement gratuite et adaptée pour toutes et tous »[10. Un mésusage des fonds alloués aux établissements publics et médico-sociaux est d'autant plus incompréhensible que dans son rapport au Parlement, le Gouvernement plaide pour un accroissement du travail en partenariat/réseau, qui est le propre de ces institutions.

  • Enfin, le dispositif Mon Soutien Psy tel qu’il est pensé par M. F. Bellivier implique une réduction des pratiques psychothérapeutiques aux seules approches standardisées - cognitives et comportementales - excluant de fait la plupart des courants psychothérapeutiques qui constituent une spécificité et une richesse de la culture des soins psychiques en France - de la psychanalyse aux pratiques psychodynamiques et cliniques, en passant par les approches systémiques, les thérapies groupales et familiales, etc. Autant de méthodes de soin dont le libre choix est dévolu aux patients et aux praticiens.


Mon Soutien Psy, dans son principe, aurait pu être une bonne idée - comme il en va généralement de tout accès au droit ou au soin… Mais il cristallise aujourd’hui le malaise touchant aux politiques publiques dédiées à la psychiatrie et à la santé mentale en France.


Partie 2 : Une idéologie sous-jacente : Evidence Based Medicine/Practice et New Public Management des institutions de soin.


Il est à noter, comme l’écrit François Gonon, qu’en « mettant en avant la plasticité cérébrale, le discours des neurosciences s’ajuste avec l’idéal néolibéral d’un individu flexible et adaptable »[11].

M. le Professeur F. Bellivier est connu pour ses travaux en psychiatrie biologique et ses partis pris en faveur des approches biomédicales et comportementales des troubles mentaux — notamment dans la dépression, les troubles bipolaires et la schizophrénie. Pourtant, l’on ne peut pas dire que la psychiatrie biologique ou l’Evidence Based Medicine/Practice en « santé mentale » brillent par leur efficacité. En effet, les travaux en neurobiologie et génétique des troubles mentaux se sont multipliés de façon exponentielle ces quarante dernières années, soutenus par l’amélioration des technologies d’imagerie cérébrale et de séquençage génétique, dans deux directions principales : la recherche d’une causalité organique des troubles mentaux d’une part, la mise au point de traitements médicamenteux, d’autre part. Or, malgré plusieurs décennies de recherches intensives :

  • Aucun marqueur ni aucun test biologique n’a été validé pour contribuer au diagnostic des troubles mentaux.

  • Aucune nouvelle classe de médicaments psychotropes n’a été découverte depuis 50 ans, et l’efficacité des traitements actuellement disponibles est remise en cause par les études récentes, au point que l’industrie pharmaceutique a fermé depuis 2010 la plupart de ses départements consacrés à la recherche de nouveaux médicaments psychotropes[12].

  • Quant à l’évaluation des psychothérapies selon les standards de lEvidence Based Medicine/Practice, les méta-analyses les plus récentes publiées dans les meilleures revues internationales de psychiatrie s’accordent pour dire que les résultats obtenus sont uniformément faibles[13], et qu’aucune différence significative n’est mise en évidence entre les différentes méthodes de soin, un résultat déjà largement connu par ailleurs[14].

Ces résultats s’appuient aujourd’hui sur une telle masse de travaux que l’idée de poursuivre sur les mêmes hypothèses neurobiologiques dans l’espoir d’obtenir un jour des avancées décisives ne peut plus sérieusement être soutenue. En fait, la probabilité de découvrir une étiologie neurologique ou génétique des troubles mentaux qui soutiendrait les hypothèses de la psychiatrie biologique ne cesse de diminuer à mesure que les études s’accumulent et progressent. De manière générale, les problèmes posés par l’approche biomédicale de la santé mentale sont très solidement documentés et depuis longtemps dans de nombreux ouvrages par des auteurs issus de multiples champs disciplinaires — neurosciences, psychiatrie, sciences humaines et sociales [15] à [25]. De la même manière, l’évaluation des psychothérapies selon les critères de l’Evidence Based Medicine montre que l’efficacité des approches thérapeutiques simplistes, de court-terme et protocolisées telles que souhaite les déployer M. F. Bellivier est trop faible pour être acceptable, et qu’un changement de paradigme est nécessaire dans la recherche comme dans les politiques publiques déployées en France et au niveau international[26].

Il est regrettable de constater que tout un pan de la littérature témoignant des apories de ces « données probantes » soit laissé de côté, ou au contraire, que les données scientifiques soutenant l’efficacité des pratiques d’orientation psychanalytique, psychodynamique et clinique selon les mêmes critères de l’Evidence Based Medicine soient omises[27].

Une lecture aussi partielle et partiale de la littérature scientifique témoigne d’un usage idéologique de l’Evidence Based Medicine/Practice appliquée à la « santé mentale » de l’enfant, comme outil de rationalisation et de mise en conformité des pratiques psychothérapeutiques avec les exigences du New Public Management, qui vise la réduction inexorable des coûts de santé et d’éducation, pour en accroître la rentabilité. C’est l’ère du standard, du protocole, de l’expertise et de la raison comptable, qui consonne ici avec une réduction de l’offre de soin et une perte de chance pour l’enfant et sa famille — bilan dont le délégué ministériel est partie prenante.

Partie 3:

« Codifier les interventions des psychologues dans le parcours de soin » ?

La réponse est non


Cet état des lieux laisse pour le moins songeur lorsque M. F. Bellivier évoque la formation des psychologues… Car la priorité du délégué ministériel est claire : « préciser les compétences dont les patients ont besoin et […] identifier les psychologues en mesure de les remplir »[28]. Et plus loin : « codifier les interventions des psychologues dans les parcours de soin ». Le propos est effarant, car il implique :

  • Que pour un même titre, certains psychologues ne disposeraient pas des compétences requises.

  • Qu’il serait possible et souhaitable de codifier les parcours de soin en psychiatrie.

  • Que cette fonction incomberait à des instances extérieures à la psychologie et aux psychologues : le délégué ministériel à la santé mentale, le ministère de la santé, etc.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les écueils déjà manifestes dans le dispositif Mon Soutien Psy grèvent le discours de M. F. Bellivier concernant la formation des psychologues : le premier concerne son mépris des institutions représentatives de la formation et de la profession : or, la psychologie est une discipline sui generis qui relève des sciences humaines et sociales et dispose de ses propres instances professionnelles, syndicales, universitaires. La formation des psychologues n’est pas inféodée à la médecine mais relève de la compétence des Unités de Formation et de Recherche (UFR) de psychologie et du Conseil National des Universités (CNU) de psychologie (16°section), à qui il incombe de penser et garantir la formation et la recherche en psychologie - dans la diversité des théories, des pratiques et des orientations qui composent cette discipline. M. F. Bellivier estime « [qu’] aujourd’hui, le cursus de psychologie se termine par un stage de cinq cent heures, mais il n’est pas très encadré […] Les maître de stage ne sont pas agréés, tout se fait de manière informelle, sans objectifs pédagogiques précis ». Cette assertion est-elle documentée ? Sur quelles bases et selon quels critères de comparaison ? Cet état des lieux a-t-il était transmis au CNU et aux UFR concernés, pour quelles réponses et quels effets ? Il semble plutôt que le délégué ministériel déballe en vrac ses représentations sur une fonction et une formation qu’il méconnaît très largement. D’autant que la formation de psychologue ne s’arrête pas à un cursus et à l’obtention d’un titre universitaire, mais qu’il s’accompagne souvent d’un long processus de formation dans des Écoles ou des Associations spécialisées, reconnues d’utilité publique et certifiées par les organismes officiels de type Qualiopi. Mais peut-être M. F. Bellivier veut-il aussi revoir les principes de formation tout au long de la vie et s’arroger de nouvelles compétences en termes de formation continue ?     

Un deuxième écueil concerne la réduction de la formation et du champ des pratiques psychologiques aux seules approches standardisées - à la manière dont M. F. Bellivier a procédé pour Mon Soutien Psy. Plutôt que de fédérer autour d’un projet, le délégué ministériel préfère opposer les pratiques et les formations, les professionnels et les chercheurs. Or, la psychologie est une discipline plurielle, qui se nourrit et progresse dans la diversité de ses branches et mouvements, qui constituent autant de chances pour les patients. M. F. Bellivier vante les « données probantes » à partir desquelles il aspire codifier les pratiques des psychologues : mais sur quelle base engager une telle entreprise ? En ignorant systématiquement des pans entiers de la littérature scientifique ? En restant sourd aux appels d’institutions internationales comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui plaide pour une réorientation radicale des pratiques et des politiques de soin :

« Pour réussir à définir une approche de santé mentale intégrée, centrée sur la personne, axée sur son rétablissement et fondée sur ses droits, les pays doivent changer et ouvrir les mentalités, corriger les attitudes de stigmatisation et éliminer les pratiques coercitives [Pour se faire], il faut absolument que les systèmes et les services de santé mentale élargissent leur horizon au-delà du modèle biomédical, au profit d’une démarche plus globale prenant en considération tous les aspects de la vie du patient »[29].


Un troisième écueil, concerne la para-médicalisation de la psychologie - thématique sur laquelle  M. F. Bellivier procède par dénégation : « ce n’est pas notre sujet »[30]. Pourtant il a souhaité que le dispositif MonPsy fonctionne sur prescription, contre l’avis des professionnels. Et dans la perspective de ce coup de force, il a sollicité un avis lacunaire de l’Académie de Médecine. Il argumente par ailleurs cette tentation de la para-médicalisation au regard de comparaisons internationales : « je rappelle que dans de nombreux pays européens, les psychologues qui interviennent dans la prise en charge de patients sont considérés comme des professionnels de santé, et que leur accès est régulé par la prescription de médecins »[31]. Le projet du délégué ministériel se dévoile alors sans fard : réguler l’accès aux psychologues par la prescription médicale. Le remboursement des soins devient ici le prétexte à la para-médicalisation et à la régulation des pratiques et de la formation, dont on ne sait pas comment il peut profiter aux patients. Poussons encore un peu les comparaisons : M.F. Bellivier souhaite soumettre la psychologie française aux fourches caudines de l’Evidence-Based Medicine en santé mentale. Le modèle américain (États-Unis) fait souvent référence en termes de psychiatrie biologique et de médicalisation des troubles mentaux : il est aussi le pays où la souffrance psychique de la population et les inégalités d’accès au soin sont les plus importants[32]. Est-ce à ce point de rupture que le délégué ministériel souhaite nous conduire ?

La quatrième difficulté concerne justement l’offre de soin et le service rendu aux patients. M. F. Bellivier propose de réguler l’accès et la formation aux psychothérapies selon des critères contestés d’un point de vue scientifique et institutionnel : une telle décision aurait pour conséquence immédiate de réduire mécaniquement une offre de soin déjà exengue, et remettrait gravement en cause le principe de libre choix du mode de soin qui échoit aux patients comme aux professionnels. Autrement dit, le projet du délégué ministériel produirait de facto de nouvelles pertes de chances pour les patients et les familles. Face à la complexité des problématiques de santé mentale, et malgré la richesse de la culture et des pratiques de soin psychique en France  – pluralité des pratiques nécessaire pour produire une réponse congruente à la complexité des problématiques psychiatriques  – M. F. Bellivier n’évoque que les TCC et l’EMDR. Autrement dit, le délégué ministériel prétend répondre de manière uniforme aux problématiques de santé mentale de la population avec des thérapies par mouvements oculaires  – sérieusement ?! [33] – et des guidelines standards dont l’application intensive, par exemple dans le cas de l’autisme, est aujourd’hui radicalement remise en cause d’un point de vue scientifique, pratique, institutionnel, politique et éthique[34]. A contrario, M. F. Bellivier ne dit rien de l’accueil et de l’accompagnement au long cours engagés par les psychologues dans les institutions hospitalières ou médicosociales. Il ne dit rien des pratiques de soin et d’accompagnement psychothérapeutiques si nécessaires au soutien quotidien des personnes en situation de souffrance psychique - pas plus qu’il n’évoque le travail d’analyse des pratiques et l’appui réflexif que les psychologues prodiguent aux équipes de soin et d’éducation. M. F. Bellivier ne dit rien de l’accueil de la douleur humaine, du trauma, de la mélancolie, de l’angoisse, de l’hallucination ou du délire, de l’accueil de l’étrangeté et de la folie qui font le cœur des pratiques en psychiatrie et pédopsychiatrie. Le délégué ministériel regarde la psychologie depuis un trou de souris, à partir duquel il élabore une vision tronquée du soin psychique, et s’étonne de l’échec de ses propositions.

Un cinquième écueil – la liste n’est pas exhaustive  – concerne l’absurdité des propositions présentées dans Lexpress du point de vue des dynamiques de formation. Le titre de psychologue – comme d’autres titres et Diplômes d’État (DE) – est un titre unique qui sanctionne une pluralité de pratiques et d’orientations, sur des lieux et contextes d’exercice distincts, auprès de publics multiples. Ce constat trivial est le lot commun des professions adressées à autrui, de la médecine à l’enseignement en passant la psychologie, les soins infirmiers, l’éducation spécialisée ou le travail social. Les dynamiques de formation qui s’y déploient oscillent toujours entre transversalité et spécialisation : la spécialisation dans un domaine d’activité est alors pensée dans la perspective d’une montée en généralité de la pratique et de la fonction, et réciproquement, la conception générale du métier repose sur des assises praxéologiques et théoriques garanties par le travail engagé in situ. C’est ainsi qu’un psychologue formé à la clinique de l’autisme infantile en institution peut extraire de son expérience un savoir et un savoir-faire sur la relation et les pratiques psychothérapeutiques qu’il pourra transposer, en les adaptant, auprès d’adolescents en Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS), ou en service de cancérologie adulte, sans que cela ne remette en cause ses compétences, sa pratique ni la valeur de son diplôme… Les caricatures proposées par M. F. Bellivier sont absurdes et excessives : « on ne peut pas demander à un psychologue du travail ou de l’éducation de mener des psychothérapies pour des patients porteurs d’une schizophrénie ». Pas plus qu’on ne peut demander à un médecin psychiatre de réaliser un pontage coronarien ou une appendicectomie, sans qu’il ne soit pour autant nécessaire de remettre en cause sa formation médicale. En réalité, les critères de recrutement des psychologues cliniciens dans les services hospitaliers et médicosociaux sont particulièrement exigeants.

Dans son entretien à Lexpress, le délégué ministeriel présente des données de la Cour des Comptes, qui montre « que pour 1 euro de dépense engagé, [l’]accompagnement [des psychologues] génère 1,40 à 1,90 euros d’économies en prévention des rechutes et des hospitalisations »[35]. Dans ce cas, il convient de laisser les psychologues faire leur travail, d’abonder les dispositifs psychiatriques et médicosociaux soutenant leurs pratiques, et de renforcer leur accessibilité en libéral. Mais surtout, ne pas toucher de manière sauvage à leur formation ni à leur pratique. Une année supplémentaire de formation ? Des stages en psychiatrie ? Une thèse d’exercice ou un doctorat professionnel ? Ces questions ne peuvent être posées et tranchées que par les organisations et les instances idoines de la psychologie.


Partie 4:

Psychologues : un titre unique apprécié du public qui y trouve le sérieux d’une formation et des pratiques plurielles, permettant à chacun de choisir son psy.


Le discours de M. F. Bellivier devient particulièrement confus au moment où il aborde la formation des psychologues cliniciens. En France, la psychologie clinique est née dans le sillage du mouvement psychanalytique, sous l’impulsion de personnalités aussi prestigieuses que Daniel Lagache ou Didier Anzieu, et se fonde d’abord sur la singularité de la rencontre entre le praticien et le patient.

Il existe une grande diversité de pratiques psychothérapeutiques qui font leur preuve dans la clinique et constituent une spécificité de la culture des soins psychiques en France : psychanalyse, thérapies psychodynamiques et cliniques, psychothérapie institutionnelle, ethnopsychiatrie, méditations thérapeutiques, art-thérapie, psychodrame, pratiques d’atelier, thérapies familiales et groupales, groupes de paroles. Sans oublier les formes mixtes susceptibles de contribuer au soin des patients et au soutien des familles.

Ces différentes approches bénéficient d’une solidité théorique, d’un ancrage clinique, de dispositifs de formation spécifiques, ainsi que de structures institutionnelles et associatives susceptibles d’en favoriser l’essor au bénéfice des soins des patients. Ces approches disposent également d’une reconnaissance scientifique à même de soutenir leur déploiement par les pouvoirs publics. Au-delà de leurs orientations spécifiques, ces approches reposent sur des fondements et des perspectives communes :

  • Une conception du patient sujet – sujet de parole et de droit, qui ne saurait se réduire à aucune déterminisme biologique, psychologique ou social.

  • Ces pratiques se fondent sur la prise en compte de la relation thérapeutique comme socle d’intervention et du travail thérapeutique.

  • Ces approches ont en commun de se fonder sur des pratiques de parole et de médiation qui favorisent l’inscription du sujet dans la culture, les savoirs et le lien social.

  • Les approches psychothérapeutiques se fondent sur une éthique de la singularité – que le patient soit accueilli de manière individuelle ou collective, du cas par cas et du « sans commune mesure ».

  • Les pratiques psychothérapeutiques sont sensibles aux détails, elles se fondent sur l’accueil du patient, de sa parole, de ses objets, de ses énigmes et de ses symptômes entendus au-delà de leur caractère dérangeant ou pathologique  – comme un mode de dire.

  • Ces approches sont la garantie d’un travail qui tienne compte de la situation familiale et sociale.

  • Ces différentes pratiques reposent sur les trouvailles et les inventions qui se font jour dans la rencontre. Ce que nous nommons invention, c’est ce que la langue commune désigne sous les termes de soin, sauf qu’on ne part pas des exigences, des prédicats ou des normes sociales mais du travail de composition du sujet, ce qui bien sûr, engage une façon radicalement différente de concevoir les choses.

Bref, faire de la santé mentale un enjeu de santé publique et une grande cause nationale c’est préserver et cultiver les lieux et les liens susceptibles de contribuer au soin des patients, au soutien et à l’accompagnement des familles.

Quel bilan pour l’action de M. le professeur F. Bellivier depuis son arrivée au ministère de la santé en 2019 ? Malaise dans la psychiatrie et dans la pédopsychiatrie, dégradation de la santé mentale de la population, absence d’anticipation quant aux effets des politiques gouvernementales de confinement, inégalités sociales d’accès au soin. Le dispositifs Mon Soutien psy s’est avéré l’un des plus grands camouflets des politiques publiques de santé de ces dernières années – l’exemple de ce qu’il ne faudrait pas faire – et a réussi à mobiliser contre lui l’ensemble de la sphère politique et des branches professionnelles et universitaires. Le délégué ministériel doit-il à présent se préoccuper de la formation des psychologues ? Rien n’est moins certain.

Depuis 2022, face aux propositions récurrentes de M. F. Bellivier, les psychologues se sont organisés pour la cause des patients, le sens de leur pratique, la dignité de leur cadre d’exercice et de leur profession : syndicats[36], collectifs[37], associations de professionnels psychologues et universitaires[38] font entendre leur voix et méritent le soutien de toutes celles et ceux concernés par les questions de la souffrance psychique : quelles pratiques et quelles politiques de soin voulons-nous pour nos proches, pour nos enfants et pour les prochaines générations ?




* Sébastien Ponnou est professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8 (Centre Interdisciplinaire Recherche, Culture, Éducation, Formation, Travail - Études Psychanalytiques en Éducation et Formation CIRCEFT EpsyFor - EA 4384). Ses travaux portent sur les questions de psychiatrie et de santé mentale. Il dirige l’Observatoire Épidémiologique et Clinique de l’Enfance et de l’Adolescence : Psychiatrie, Handicap, Protection de l’Enfance (LabCom EOLE). Il est personnalité qualifiée auprès du Conseil de l’Enfance et de l’Adolescence du HCFEA. Derniers ouvrages parus : Ponnou, S. (Dir.) (2025). À l’écoute des enfants autistes : le pari de la psychanalyse. Nîmes : Champ social Éditions ; Ponnou, S., Briffault, X., et Chave, F. (Dir.) (2023). Le silence des symptômes : enquête sur la santé mentale et le soin des enfants. Nîmes : Champ social Éditions. Ponnou, S. (Dir.) (2022). À l’écoute des enfants hyperactifs : le pari de la psychanalyse. Nîmes : Champ social Éditions.






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[1] Cour des Comptes (2023). La Pédopsychiatrie : Un Accès et Une Offre de Soins à Réorganiser. En ligne : https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-03/20230321-pedopsychiatrie.pdf ; Gindt, M., Fernandez, A., Battista, M., & Askenazy, F. (2021). Conséquences psychiatriques de la pandémie de la Covid 19 chez l’enfant et l’adolescent. Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 69(3), 115-120 ; Jones, E. A., Mitra, A. K., & Bhuiyan, A. R. (2021). Impact of Covid-19 on mental health in adolescents: a systematic review. International journal of environmental research and public health, 18(5), 2470 ; DREES. (2021). Une dégradation de la santé mentale chez les jeunes en 2020, résultats issus de la 2e vague de l’enquête EpiCov. Études et résultats, 1210. En ligne : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-10/ER1210.pdf.

[2] Ponnou, S., Briffault, X., & Chave, F. (2023). Le silence des symptômes. Enquête sur la santé mentale et le soin des enfants. Champ Social Éditions.

[3] rapport de l’INSERM Moro et Brison 2016 sur la santé des jeunes - https://www.education.gouv.fr/mission-bien-etre-et-sante-des-jeunes-6518 ; le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) 2018 - https://www.igas.gouv.fr/spip.php?article735 ; les rapports de la Cour des Comptes 2021 sur l’offre de soin https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-parcours-dans-lorganisation-des-soins-de-psychiatrie et 2023 sur la pédopsychiatrie - https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-pedopsychiatrie ; rapport du Défenseur des Droits sur la santé mentale et le droit au bien-être des enfants, 2021 - https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/rapports-annuels/2021/11/rapport-annuel-enfant-sante-mentale-le-droit-au-bien-etre ; le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) 2022 sur les professionnels de santé et offre de soins pour les enfants -  https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1247 ; le rapport HCFEA dédié à la santé mentale de l’enfant - https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/hcfea_sme_rapport_13032023.pdf... Sans compter les multiples tribunes et alertes des associations de familles et de professionnels du secteur.

[4] Ponnou, S., Briffault, X., & Chave, F. (2023). Le silence des symptômes. Enquête sur la santé mentale et le soin des enfants. Champ Social Éditions.

[5] Sources extraites du Système National des Données de Santé publiées par le HCFEA :  rapport HCFEA dédié à la santé mentale de l’enfant - https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/hcfea_sme_rapport_13032023.pdf et annexes https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/hcfea_sme_annexes_13032023.pdf

[7] La déclaration intégrale du sénateur Charon est disponible via le lien suivant - https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230406464.html

[8] La déclaration intégrale de la sénatrice Cohen est disponible via le lien suivant - https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230506733.html  

[11] Gonon, F. (2024), Neurosciences : un discours néolibéral. Psychiatrie, éducation, inégalités, Champ social Éditions, p. 192.

[12] Leichsenring, F., Steinert, C., Rabung, S., & Ioannidis, J. P. (2022). The efficacy of psychotherapies and pharmacotherapies for mental disorders in adults: an umbrella review and meta‐analytic evaluation of recent meta‐analyses. World psychiatry21(1), 133-145.

[13] Ibid.

[14] Wampold, B. E., & Imel, Z. E. (2015). The great psychotherapy debate: The evidence for what makes psychotherapy work. London: Routledge ; Wampold, B. E. (2013). The great psychotherapy debate: Models, methods, and findings (Vol. 9). London: Routledge.

[15] Gonon, F. (2024). Neurosciences : un discours néolibéral. Psychiatrie, éducation, inégalités. Champ social Éditions ; Gonon F. (2011). La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? Esprit (11), 54-73.

[16] Healy, D., Wood, J., & Le Noury, J. (2020). Children of the cure: Missing data, lost lives and antidepressants. Samizdat Health Writer's Co-operative Incorporated.

[17] Healy, D. (2003). Let them eat Prozac. Toronto: James Lorimer & Company.

[18] Ross, C. A., & Pam, A. (1995). Pseudoscience in biological psychiatry: Blaming the body. Hoboken: John Wiley & Sons.

[19] Guillaume, F., Tiberghien, G., & Baudouin, J. Y. (2013). Le cerveau n’est pas ce que vous pensez. Images et mirages du cerveau. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble.

[20] Forrest, D. (2014). Neuroscepticisme. Paris : Ithaque.

[21] Castel, P. H. (2009). L’esprit malade. Cerveaux, folies, individus. Paris : Éditions Ithaque.

[22] Ehrenberg, A. (2018). La mécanique des passions : cerveau, comportement, société. Paris : Odile Jacob.

[23] Ehrenberg, A. (2008). La fatigue d'être soi : dépression et société. Paris : Odile Jacob.

[24] Horwitz, A. V., & Wakefield, J. C. (2007). The loss of sadness: How psychiatry transformed normal sorrow into depressive disorder. Oxford: Oxford University Press.

[25] Bolton, D., & Hill, J. (2004). Mind, Meaning and Mental Disorder: The nature of causal explanation in psychology and psychiatry. Oxford: Perspectives in Philosophy & Psychiatry.

[26] Leichsenring, F., Steinert, C., Rabung, S., & Ioannidis, J. P. (2022). The efficacy of psychotherapies and pharmacotherapies for mental disorders in adults: an umbrella review and meta‐analytic evaluation of recent meta‐analyses. World psychiatry, 21(1), 133-145 ; OMS, 2022, Orientations et dossiers techniques aux services de santé mentale communautaire — Promotion des démarches centrées sur la personne et fondées sur des droits. https://www.who.int/ fr/news/item/17-06-2022-who-highlights-urgent-need-to-transform-mental-health-and-mental-health-care ; Ponnou, S., Briffault, X., & Chave, F. (2023). Le silence des symptômes. Enquête sur la santé mentale et le soin des enfants. Champ social Éditions.

[27] À titre indicatif et non-exhaustif : Thurin, J. M., Thurin, M., & Briffault, X. (2006). Évaluation des pratiques professionnelles et psychothérapies. L’information psychiatrique82(1), 39-47 ; Briffault, X., Thurin, M., Lapeyronnie, B., & Thurin, J. M. (2007). Nouvelles perspectives pour la recherche en psychothérapie : évaluation d’un protocole de recherche et proposition d’un dispositif méthodologique et technique. L'Encéphale33(6), 911-923 ; Briffault, X. (2009). Conflits anthropologiques et stratégies de lutte autour de l'évaluation des psychothérapies. Nouvelle Revue de psychosociologie, (2), 105-118 ; Visentini, G. (2021). L’efficacité de la psychanalyse. Un siècle de controverses. Presses Universitaires de France ; Gonon, F., & Keller, P. H. (2021). L’efficacité des psychothérapies inspirées par la psychanalyse : une revue systématique de la littérature scientifique récente. L'Encéphale47(1), 49-57 ; Rabeyron, T. (2021). L’évaluation et l’efficacité des psychothérapies psychanalytiques et de la psychanalyse. L'Évolution Psychiatrique86(3), 455-488 ; Villers, Guy (de). The psychoanalytic dissidence. In Ponnou, S., & Niewiadomski, C. (Eds.). (2022). Critical psychoanalytic social work: research and case studies for clinical practice. London: Routledge, Taylor & Francis ; Leichsenring, F., Abbass, A., Heim, N., Keefe, J. R., Kisely, S., Luyten, P., ... & Steinert, C. (2023). The status of psychodynamic psychotherapy as an empirically supported treatment for common mental disorders–an umbrella review based on updated criteria. World Psychiatry22(2), 286-304.

[28] Benz, S. (2025). Frank Bellivier : "Il faudra être passé en psychiatrie pour valider une formation de psychologue clinicien". L’express, le 25-03-2025.

[29] OMS, 2022, Orientations et dossiers techniques aux services de santé mentale communautaire – Promotion des démarches centrées sur la personne et fondées sur des droits. https://www.who.int/ fr/news/item/17-06-2022-who-highlights-urgent-need-to-transform-mental-health-and-mental-health-care

[30] Benz, S. (2025). Frank Bellivier : "Il faudra être passé en psychiatrie pour valider une formation de psychologue clinicien". L’express, le 25-03-2025.

[31] Ibid.

[32] Gonon, F. (2011). La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? Esprit, (11), 54-73 ; Gonon, F. (2024). Neurosciences : un discours néolibéral. Psychiatrie, éducation, inégalités. Champ Social Éditions.

[33] Sur ce point il conviendrait que Franck Bellivier précise ses positions sans se retrancher derrière de pseudo scores d’efficacité statistiquement significatifs, mais toujours très faibles et sans valeur clinique : dans le cas de traumatismes - maltraitances, violences sexuelles, viols, violences physiques, violences conjugales, migrations, accidents, etc., le délégué ministériel préconise-t-il sérieusement des traitements par mouvement oculaire comme réponse de santé publique ?

[34] Chamak, B. (2024). Remise en question des approches comportementales dans l’autisme. In Ponnou, S. (2024). À l'écoute des enfants autistes. Le pari de la psychanalyse. Nîmes : Champ Social Éditions ; Maleval, J.-C. (2024). Le déclin de l’Applied Behavior Analysis (ABA) infligée aux autistes. In Ponnou, S. (2024). À l'écoute des enfants autistes. Le pari de la psychanalyse. Nîmes : Champ Social Éditions 

[35] Benz, S. (2025). Frank Bellivier : "Il faudra être passé en psychiatrie pour valider une formation de psychologue clinicien". L’express, le 25-03-2025.

[37] Cf. Convergence des Psychologues en Lutte - CPL - https://www.helloasso.com/associations/convergence-des-psychologues-en-lutte



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