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Écho de la soirée "Autisme : Contre le dogmatisme" - Laissons-les parler !



Célie Gérard
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Les attaques menées depuis plusieurs années à l’encontre de l’approche psychanalytique sont nombreuses et de plus en plus violentes. Il apparaît nécessaire pour nous, psychologues orientés par la psychanalyse, de nous y intéresser et de faire entendre nos voix ainsi que la rigueur de l’éthique qui guide notre pratique. Ces attaques, particulièrement prégnantes dans le champ de l’autisme, trouvent bon accueil parmi certaines autorités sanitaires et étatiques.

L’enjeu de la soirée « Autisme : Contre le dogmatisme », était donc ainsi posé : être les plus nombreux possible à faire savoir que nous ne sommes pas d’accord avec cette élimination de la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme. Lors de cette soirée, différents points ont été abordés. Parmi les quinze questions qui ont été posées aux trois psychanalystes invités, Jean-Claude Maleval, Patrick Landman et François Leguil, j’ai retenu différentes axes de réponse :

1. La clinique psychiatrique fait face depuis maintenant plusieurs années à un mouvement de dépathologisation qui s’accompagne même, selon J.-C. Maleval, « d’un courant général de négation de l’inconscient ». Cela se manifeste notamment (mais pas uniquement) par la tentative de réduction des troubles psychiatriques à une causalité biologique, génétique. Or, ce que nous indique de manière précise cette brochure, c’est que l’autisme, de par sa « causalité mystérieuse », de par « l’importante part d’énigme » qui subsiste quant à une éventuelle cause génétique, échappe à cette logique réductionniste. Les recommandations de la HAS prônent, suivant cette même ligne, des méthodes comportementales autoritaires et parfois violentes, qui, en plus d’avoir brillé par leur manque d’efficacité, entraînent même chez certains sujets des syndromes de stress post-traumatique. Ces pratiques font l’impasse sur la dimension de l’inconscient et sur celle du transfert. Alors, pour reprendre les mots de mes collègues, comment ne pas être déprimés lorsque l’on travaille comme psychologue en institution et que l’on assiste à ce rejet de la causalité psychique ?

2. F. Leguil nous invite à ne pas trop attendre des futurs rapports de la HAS quant aux bienfaits de la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme. J.-C. Maleval, quant à lui, nous livre des pistes précieuses pour l’exercice de notre pratique en institution : notre rôle est de faire vivre la psychanalyse, lutter pour faire exister une autre voix (voie), celle de l’inconscient, par la mise en place de réunions cliniques, par l’instauration de présentations cliniques qui permettent de « faire entendre à des équipes des notions psychanalytiques majeures tout en utilisant très peu de vocabulaire psychanalytique ». N’entendons pas cette négation de l’inconscient comme une fatalité, mais comme une invitation à aller vers les autres professionnels, réseaux, collègues pour parler de nos pratiques, pour faire vivre la clinique du singulier. F. Leguil nous rappelle que la première chose à installer lorsque l’on travaille dans le milieu institutionnel, ce sont des lieux qui permettent l’accueil de la parole.

3. Enfin, pour conclure, je ne peux que citer J.-C. Maleval : « Il ne s’agit pas que le psychologue orienté par la psychanalyse se présente comme détenteur d’un savoir plus solide que celui des théories à la mode, mais plutôt qu’il mette en avant un non savoir dans l’abord du sujet. Cela devrait le conduire à la promotion d’une pratique du cas par cas, mais aussi à interroger sans cesse les décideurs sur les ratages et les limites de leurs protocoles de manière à leur faire apercevoir concrètement l’existence de la dimension subjective qui échappe à un savoir censé convenir pour tous ». P. Landman nous l’assure : « les gens veulent parler ». À nous, psychologues orientés par la psychanalyse, d’entendre ce qu’ils ont à nous dire.

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