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Fin de vie : où en est le sujet




APPEL à contribution des PF - janvier 2024
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APPEL À CONTRIBUTIONS !


« La réflexion sur le vivant colore “l’atmosphère mentale” de notre époque. Les bouleversements écologiques en cours et l’épidémie de Covid-19 ont [eu] pour effet que les travaux sur les manières d’être vivants sont devenus l’objet privilégié des recherches actuelles »[1]. On s’interroge notamment sur « la fin de vie ». Faut-il, ou non, aller au-delà de la loi Claeys-Leonetti[2], en vigueur depuis 2016, qui inclut déjà le « droit » de demander une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » ? Le débat se trouve réactualisé par la perspective de présentation par le gouvernement, en février 2024, d’un « projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie », incluant l’ouverture d’un accès au suicide assisté. L’Académie nationale de médecine s’est d’ores et déjà prononcée, le 12 juillet 2023, en faveur du droit à « l’assistance au suicide consistant à mettre un produit létal à disposition d’une personne qui le demande et se l’autoadministre »[3].

Celui « qui sait ce qu’il veut et qui sait ce qu’il dit »[4], et revendique son droit, se trouve là aux commandes, et cette mutation vectorise les pratiques des institutions : services de soins palliatifs, services d’hospitalisation à domicile (HAD), services d’accompagnement à domicile, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), …

 

Les Psychologues freudiens ne méconnaissent pas cette dimension du sujet de droit. Si l’on considère l’abord qu’en propose Nathalie Jaudel[5], ce sujet est partiellement homologue au sujet de l’inconscient, tous deux étant « sujet[s] de la jouissance ». Mais au-delà de cette homologie partielle, il y a une différence radicale : quand l’un cherche une limite dans la loi, selon un « principe de régulation […] normé, et universel », l’autre, d’orientation analytique, « prend en charge, dans sa pratique, les ratés de la régulation », « selon un principe de régulation […] singularisé, [… qui] ne s’applique qu’au un par un »[6].

Ajoutons qu’en 1926, répondant à un journaliste, Freud fait une distinction décisive. Évoquant un certain Steinach qui faisait des recherches sur les façons de « prolonger le cycle de l’existence humaine » et de « restaurer les forces et la jeunesse des hommes »[7], il dit ceci : « Steinach n’essaye pas de prolonger la vie. Il combat simplement la vieillesse. En exploitant le réservoir de forces à l’intérieur de nos propres corps, il aide le tissu à résister à la maladie. L’action de Steinach arrête parfois de malencontreux accidents biologiques, comme le cancer, dans leurs premières phases. Cela rend la vie plus facile à vivre. Cela ne fait pas en sorte qu’elle en vaille la peine d’être vécue »[8].

Vivre ne se confond donc pas avec les raisons de vivre.

 

L’association des Psychologues freudiens s’intéresse à ces hiatus, aux réalités qui s’ensuivent dans les pratiques institutionnelles, aux questions qu’ils soulèvent et à la manière dont chaque psychologue trouve à s’orienter :

  • Quel est l'impact de la situation actuelle sur les demandes des patients et sur leurs familles ?

  • Quels changements constatez-vous autour de ces questions dans les pratiques institutionnelles ?

  • Quel travail engagez-vous avec le corps médical ?

  • Quelle place est faite aux espaces de réflexion éthique ?

Nous en appelons donc à vos contributions. Si vous travaillez dans ce domaine et êtes aux prises avec ces questions, nous serions heureux de vous lire et, si possible, de vous publier dans notre newsletter.




[1] Doucet C., « Le vivant, un tournant dans la fonction du médecin », Mental, n°47, 2023, « Les maladies de la médecine », p. 106.

[2] « Loi n° 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie », disponible sur internet.

[3] Jérôme B., « Fin de vie : l’Académie nationale de médecine se rallie à l’idée d’un “droit” à l’“assistance au suicide” », Le Monde, 14 juillet 2023, disponible sur internet.

[4] Cf. Miller J.-A., Intervention lors de l’ouverture de la table ronde : « La question trans dans la psychanalyse et pour la psychanalyse », du colloque : Interroger la féminité aujourd’hui, deuxième acte « La féminité, le phallique et la question transsexuelle », à Espace analytique, Paris, 29 mai 2021.

[5] Jaudel N., « Sujet de l’ICS, sujet de droit : affinités et discords » , HebdoBlog, 31 janvier 2022, disponible sur internet.

[6] Ibidem.

[7] Steinach s’est rendu célèbre pour l’opération de la vasectomie, « censée restaurer les forces et la jeunesse des hommes ». Article « Eugen Steinach », Wikipedia, disponible sur internet.

[8] Freud S., in « Freud face au sphinx : interview de Sigmund Freud par G.S. Viereck », 1926, disponible sur internet.

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