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Partie 4: Psychologues : un titre unique apprécié du public qui y trouve le sérieux d’une formation et des pratiques plurielles, permettant à chacun de choisir son psy.

Dernière mise à jour : 4 mai






Sébastien Ponnou*, membre des Psychologues freudiens (PF) et professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8, rappelle les fondamentaux de la pratique des psychologues. Il répond ainsi point par point aux vues longuement déployées par Monsieur le Professeur Franck Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie au ministère de la solidarité et de la santé, dans un entretien au magazine hebdomadaire L’Express.

Pour permettre au lecteur de saisir la complexité des enjeux actuels concernant l’exercice de la profession de psychologue, les PF publieront en quatre fois l’état des lieux que fait notre collègue, le commentaire continu et les perspectives alternatives qu’il propose au dispositif Mon soutien psy.


Le discours de M. F. Bellivier devient particulièrement confus au moment où il aborde la formation des psychologues cliniciens. En France, la psychologie clinique est née dans le sillage du mouvement psychanalytique, sous l’impulsion de personnalités aussi prestigieuses que Daniel Lagache ou Didier Anzieu, et se fonde d’abord sur la singularité de la rencontre entre le praticien et le patient.

Il existe une grande diversité de pratiques psychothérapeutiques qui font leur preuve dans la clinique et constituent une spécificité de la culture des soins psychiques en France : psychanalyse, thérapies psychodynamiques et cliniques, psychothérapie institutionnelle, ethnopsychiatrie, méditations thérapeutiques, art-thérapie, psychodrame, pratiques d’atelier, thérapies familiales et groupales, groupes de paroles. Sans oublier les formes mixtes susceptibles de contribuer au soin des patients et au soutien des familles.

Ces différentes approches bénéficient d’une solidité théorique, d’un ancrage clinique, de dispositifs de formation spécifiques, ainsi que de structures institutionnelles et associatives susceptibles d’en favoriser l’essor au bénéfice des soins des patients. Ces approches disposent également d’une reconnaissance scientifique à même de soutenir leur déploiement par les pouvoirs publics. Au-delà de leurs orientations spécifiques, ces approches reposent sur des fondements et des perspectives communes :

  • Une conception du patient sujet – sujet de parole et de droit, qui ne saurait se réduire à aucune déterminisme biologique, psychologique ou social.

  • Ces pratiques se fondent sur la prise en compte de la relation thérapeutique comme socle d’intervention et du travail thérapeutique.

  • Ces approches ont en commun de se fonder sur des pratiques de parole et de médiation qui favorisent l’inscription du sujet dans la culture, les savoirs et le lien social.

  • Les approches psychothérapeutiques se fondent sur une éthique de la singularité – que le patient soit accueilli de manière individuelle ou collective, du cas par cas et du « sans commune mesure ».

  • Les pratiques psychothérapeutiques sont sensibles aux détails, elles se fondent sur l’accueil du patient, de sa parole, de ses objets, de ses énigmes et de ses symptômes entendus au-delà de leur caractère dérangeant ou pathologique  – comme un mode de dire.

  • Ces approches sont la garantie d’un travail qui tienne compte de la situation familiale et sociale.

  • Ces différentes pratiques reposent sur les trouvailles et les inventions qui se font jour dans la rencontre. Ce que nous nommons invention, c’est ce que la langue commune désigne sous les termes de soin, sauf qu’on ne part pas des exigences, des prédicats ou des normes sociales mais du travail de composition du sujet, ce qui bien sûr, engage une façon radicalement différente de concevoir les choses.

Bref, faire de la santé mentale un enjeu de santé publique et une grande cause nationale c’est préserver et cultiver les lieux et les liens susceptibles de contribuer au soin des patients, au soutien et à l’accompagnement des familles.

Quel bilan pour l’action de M. le professeur F. Bellivier depuis son arrivée au ministère de la santé en 2019 ? Malaise dans la psychiatrie et dans la pédopsychiatrie, dégradation de la santé mentale de la population, absence d’anticipation quant aux effets des politiques gouvernementales de confinement, inégalités sociales d’accès au soin. Le dispositifs Mon Soutien psy s’est avéré l’un des plus grands camouflets des politiques publiques de santé de ces dernières années – l’exemple de ce qu’il ne faudrait pas faire – et a réussi à mobiliser contre lui l’ensemble de la sphère politique et des branches professionnelles et universitaires. Le délégué ministériel doit-il à présent se préoccuper de la formation des psychologues ? Rien n’est moins certain.

Depuis 2022, face aux propositions récurrentes de M. F. Bellivier, les psychologues se sont organisés pour la cause des patients, le sens de leur pratique, la dignité de leur cadre d’exercice et de leur profession : syndicats, collectifs, associations de professionnels psychologues et universitaires font entendre leur voix et méritent le soutien de toutes celles et ceux concernés par les questions de la souffrance psychique : quelles pratiques et quelles politiques de soin voulons-nous pour nos proches, pour nos enfants et pour les prochaines générations ?


Pour compléter votre lecture, il suffit de cliquer sur les liens ci-dessous pour retrouver les précédents articles:






* Sébastien Ponnou est professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8 (Centre Interdisciplinaire Recherche, Culture, Éducation, Formation, Travail - Études Psychanalytiques en Éducation et Formation CIRCEFT EpsyFor — EA 4384). Ses travaux portent sur les questions de psychiatrie et de santé mentale. Il dirige l’Observatoire Épidémiologique et Clinique de l’Enfance et de l’Adolescence : Psychiatrie, Handicap, Protection de l’Enfance (LabCom EOLE). Il est personnalité qualifiée auprès du Conseil de l’Enfance et de l’Adolescence du HCFEA. Derniers ouvrages parus : Ponnou, S. (Dir.) (2025), À l’écoute des enfants autistes : le pari de la psychanalyse, Nîmes, Champ social Éditions . Ponnou, S., Briffault, X., et Chave, F. (Dir.) (2023). Le silence des symptômes : enquête sur la santé mentale et le soin des enfants, Nîmes, Champ social Éditions. Ponnou, S. (Dir.) (2022), À l’écoute des enfants hyperactifs : le pari de la psychanalyse, Nîmes, Champ social Éditions.






                                                                                                                                

[2] Cf. Convergence des Psychologues en Lutte - CPL - https://www.helloasso.com/associations/convergence-des-psychologues-en-lutte 


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