Ségrégation ou bien éthique ?
- Anne-Sophie Delaleu
- 17 sept.
- 2 min de lecture

L’association Réseau CERPAS créée en 2023 s’ancre dans la pratique et la recherche actuelle sur les questions de l’avancée en âge et celles de la subjectivité, en partageant l’expérience, en interrogeant les politiques de soins et d’accompagnement des sujets âgés et en participant à la réflexion concernant les changements nécessaires dans ce champ de recherche et de pratiques où les plus âgés d’entre nous sont confrontés à la ségrégation. Dans notre civilisation, vieillir est abordé quasi systématiquement comme dérèglement, perte ou pathologie, dans des dimensions neurologiques et cognitives[1].
Prendre en compte le sujet qui vieillit, arrive dans un âge très avancé, implique d’écouter sa parole, les mots qu’il utilise pour nommer cette épreuve, et affirmer qu’il est aussi un corps parlant. Nous pouvons attendre de la psychanalyse qu’elle ouvre d’autres portes, comme l’indique Catherine Lacaze-Paule : « La psychanalyse ne pousse pas au récit de vie, voire au récit de toute une vie mais à la parole qui implique un dire. Cette prise de parole singulière dans le transfert « restaure » un rapport du sujet au désir. Le désir, non pas en tant qu’il est désir de quelque chose, d’un objet, mais désir de désir, désir d’autre chose. [2]»
Ce mardi 23 septembre 2025, à 19h30, en visioconférence, le CERPAS organise une conversation avec Hervé Castanet, psychanalyste et professeur des universités, au sujet de l’ouvrage Vieillir – Études cliniques, dont il a assuré la direction et auquel des psychanalystes de plusieurs CPCT, exerçant en institution ou en libéral, ont contribué. Le minutieux travail clinique exposé met l’accent sur l’inéluctable vieillissement de l’être parlant et la façon que chaque un a d’y faire face.
« Avec le vieillissement, la psychanalyse, comme clinique, se frotte à d’autres discours, à d’autres pratiques, voire à la dimension socio-politico-économique de nos sociétés : ségrégation ou bien éthique ? devient l’alternative[3]». Lacan avait repéré, dans son séminaire consacré à l’Éthique de la psychanalyse, que le discours de la science opère par une forclusion de das Ding, tenant éloigné le corps et la parole. Aussi le clinicien est-il attendu pour soutenir la parole du sujet vieillissant, dans la rencontre. « L’humanité avec laquelle sont traitées les personnes âgées ne suffit pas toujours à résoudre les impasses qu’elles rencontrent. Elle est pourtant liminaire et convoque la nécessité de ne pas perdre le fil de l’échange parlé avec les personnes du bel âge, chez elles, dans les lieux spécifiques de rencontre ou dans les institutions.[4]»
[2] LACAZE-PAULE C., « Vieillir, c’est vivre » in Le Guernic Y-M., Simon A., Duchêne A., Vieillir aujourd’hui. Perspectives cliniques et politiques, Nîmes, Champ social édition, 2019.
[3] CASTANET H., Vieillir–Etudes cliniques, ADL éditeur, 2024, 4ème de couverture.
[4] MATET J-D., Op. cit., p. 55.



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