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Écho 4 de la conversation: Promesses


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Du riche échange avec François Gonon, mardi 30 septembre[1] , j’extrairai un point qui m’a particulièrement intéressé

Le discours neuro-essentialiste promet. Il promet que dans l’avenir les travaux sur le cerveau pourront nous donner des repères suffisants, des biomarqueurs pour diagnostiquer les troubles mentaux avec certitude. F. Gonon souligne que dans la réalité on en est très loin, mais qu’importe, l’important c’est d’organiser les soins, la pédagogie, faire primer le cerveau sur le relationnel. Cette promesse est celle d’une victoire à venir bien qu’il y ait un écart entre cela et les effets sur le terrain[2].

Si les médias s’emparent, comme le montre F. Gonon, de cette promesse, pour l’amplifier et même, la déformer en nouveautés, la responsabilité des scientifiques y est engagée quand ils majorent les parties positives de leurs recherches, faisant croire que cela a une grande portée et que cela augure pour bientôt des progrès remarquables. La corrélation est confondue avec la cause quand cela devient détermination, vérité, faisant fi de la place du sujet concerné dans le symptôme étudié.

Cette promesse résonne comme la promesse du discours libéral de triompher sur le réel. Ajoutons à cela la réponse que F. Gonon donne à cette question : « Pourquoi cet intérêt pour le cerveau, pourquoi est-il devenu si désirable ? » En se référant à Ph. Descola, il avance alors que là se trouve la pointe extrême du naturalisme, c’est-à-dire l’explication scientifique des phénomènes. C’est dit-il, « le moi conscient, l’observateur tout puissant par rapport au monde qui lui est extérieur, c’est la méthode scientifique, c’est valable pour tout, sauf pour le cerveau. C’est alors très compliqué d’observer notre intériorité, car la conséquence ultime serait de se regarder le cerveau ».

Ainsi, cela revient à promettre qu’on arrivera à effacer ce truc gênant nommé par Freud l’inconscient. Il ne s’agit donc ici de rien d’autre que d’une manifestation supplémentaire de la forclusion du sujet par la science.


[1] Neurosciences et santé mentale : l’envers du décor, Soirée webinaire organisée par les Psychologues freudiens le 30 septembre 2025. Conversation interdisciplinaire avec François Gonon et Éric Zuliani.

[2] Cf. Les neurosciences dans l’éducation, Note n°46, Juin 2025, Les notes scientifiques de l’office, office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, disponible sur internet.




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